Comment ne pas s’éparpiller ?

Un ami me fait remarquer que ce blog n’a rien publié depuis février – et encore n’était-ce que l’annonce que le projet ANR que j’avais déposé passait le premier cap des sélections. En réalité, pas de billet de réflexion depuis la fin de l’été. L’année a en effet été très pleine et très contrainte, et je ne vois pas d’éclaircie à court terme. La sensation qui domine est une immense fatigue ; l’impression majeure, celle de projets qui n’avancent pas. Pourtant, si on regarde de près ce qui s’est passé dernièrement des jalons ont été posés. Je les énumère brièvement :

Le travail avec Livre passerelle et la BM de Tours autour des lectures aux bébés prématurés a donné matière à un article, publié tout récemment dans la revue Children’s Literature in Education. Une revue en anglais, payante (très chère), mais qui donne accès à la possibilité de lire l’article (sans pouvoir le télécharger) ici : http://rdcu.be/c749g

Page intérieure de l’album Pomme pomme pomme de Corinne Dreyfuss, dont je parle beaucoup dans cet article

La réflexion lancée par Dominique Perrin, invitant à l’analyse objective des albums dits “sériels”, m’a conduite à me pencher sur l’aventure éditoriale des Barbapapas. Mon article va paraître dans quelques semaines dans le numéro 22 de la revue Strenæ intitulé Critiquer l’album sériel. Vers un décloisonnement des corpus légitimes et populaires dans les études sur l’album. Ça a été très plaisant de se replonger dans ces albums, qui mériteraient quelques analyses de détail qui n’ont pas trouvé place dans l’article. Peut-être que ce blog sera le lieu où je pourrai m’y livrer.

Anne Tison et Talus Taylor, Le pique nique des Barbapapas, 1974

Les organisateurs du colloque consacré aux 150 ans de la maison de presse Bayard m’avaient à l’origine sollicitée pour faire partie de leur comité scientifique, puis, à l’issue de la sélection des propositions consacrés aux publications jeunesse, ils m’ont demandé si j’accepterais de prolonger les recherches que j’avais faites il y a quelques années autour du magazine Okapi1. J’ai donc participé au colloque (prévu en janvier, et qui a finalement eu lieu fin mars) avec une intervention consacrée au rôle des mouvements de jeunesse chrétiens dans la formation du petit groupe “presse jeune” qui allait faire naître Pomme d’api, Okapi, Astrapi, J’aime lire… Les versions définitives des textes doivent être rendues cette semaine, pour une publication rapide (en ligne et en papier). Là encore, la dure très réduite de l’intervention (20 minutes) et les dimensions limitées de l’article (40 000 signes) me laissent avec pas mal de frustrations. J’ai aussi besoin de rencontrer plus de témoins que je n’ai pu en voir pour préparer ce colloque. Il est donc probable que je n’en aie pas fini avec Pomme d’api.

“Petit Ours Brun”, Pomme d’api n°159, mai 1979

Il y a aussi l‘exposition d’albums coréens, en préparation, qui réunit l’équipe InTRu et la BM de Tours, et dont je parlerai un peu plus tard…

CHOI Deok-kyu, De grandes mains, 2020.

Et puis, encore et toujours, le travail avec les bébés, à Hope à Amboise, et au CHRU de Tours en néonat. Dernièrement, nous avons travaillé sur le circuit du livre et les règles d’hygiène que nous pouvions consolider, afin de pouvoir lire des albums même aux bébés très fragiles. Ma fille Gabrielle a mis à notre service ses compétences de dessinatrice. Travail en cours de validation !

(c) Gabrielle Guillaume

Le chantier à venir, c’est un ambitieux article théorique sur l’album pour la revue Fabula LHT, dont Dominique Perrin et moi dirigerons un numéro consacré à “la littérature avant la lettre”. En attendant les résultats de l’ANR…

Quel sens ça a, de récapituler ici ces réalisations ? Peut-être de compenser l’impression d’éparpillement, en [me] mettant sous les yeux que ces différents chantiers ne m’éloignent jamais tout à fait de mes dadas : les albums, les publications iconotextuelles destinées aux très petits, les enjeux politiques et idéologiques qui y sont liés. Mais pour me défaire franchement de cette impression frustrante, il est évident qu’il me faudrait pouvoir disposer de temps de recherche, qui ne soit pas morcelé, grignoté en permanence par les tâches administratives et pédagogiques. J’attends donc les résultats des commissions auxquelles j’ai demandé de pouvoir bénéficier d’un congé pour recherche…

  1. notamment pour un numéro de Strenæ consacré aux années 68https://journals.openedition.org/strenae/1823, et pour un papier à 4 mains signé avec Loïc Boyer []

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