Fées, magie et anthropologie

La lecture de Thomas Greene,  Poésie et magie, me met sur la trace de la force performative de la parole poétique.

Greene Thomas M., Poésie et magie, Paris, France, Julliard, 1991, 145 p.

Selon lui, toute société a une période magique, où le carmen enchante  au sens propre : il a une puissance d’évocation réelle. Apparaît la poésie quand la foi dans la magie se dégrade (et que pour cette raison on attribue à la magie des pouvoirs surtout négatifs… et on l’associe aux femmes). Mais malgré tout, les deux coexistent dans toutes les sociétés. Ça fait pour moi le lien avec le moment où j’ai été touchée par la similitude de situations entre des soignantes penchées au-dessus de l’incubateur d’un préma, et les fées qui se penchent sur le berceau de la princesse nouveau-née dans La Belle au bois dormant : on attend qu’elles prononcent un charme qui sera positif, mais hélas, la vilaine fée négligée prononce un sort maléfique. J’ai eu, ce jour-là, le sentiment que nous, lectrices, étions attendues un peu comme des personnes à qui il revenait de prononcer, au-dessus du berceau, des paroles poétiques qui pourraient faire pièce aux propos inquiétants qui avaient pu ou pouvaient être tenus, en toute innocence, à d’autres moments, par des soignants qui ne mesurent pas forcément la puissance incantatoire que les parents attachent à leur parole.

J’ai donc cherché des travaux anthropologiques sur la naissance, et créé pour cela une nouvelle catégorie « BB anthropo » dans ma bibliothèque Zotero.

[aujourd’hui, j’ai aussi “nettoyé” mes notes de lectures, éparpillées sur mon ordi ; rationalisé leur nommage ; tout basculé, en double, dans un seul dossier « BIBLIO » placé dans ma colonne latérale, et simultanément sur Zotero sous la référence idoine… en m’apercevant que désormais Zotero refuse d’ouvrir les fichiers Word si leur nom comporte des caractères accentués]

Et là, j’ai découvert que la thèse d’État de Nicole Belmont en 1968 portait justement sur les naissances inhabituelles :

Belmont Nicole, Les signes de la naissance: étude des représentations symboliques associées aux naissances singulières, Paris, France, Librairie Plon, 1971.

Je vais donc la lire… Mais je vais d’abord commencer par ce chapitre récent :

Delassus Jean-Marie, « Chapitre 4. Le bébé des anthropologues », in Penser la naissance, Paris, Dunod,  « Hors collection » , 2011, pp. 227‑234.

(Image d’en-tête: extrait d’une illustration de Jean Claverie pour Riquet à la Houpe, à retrouver sur le site de la BnF)


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Cécile Boulaire (11 septembre 2023). Fées, magie et anthropologie. Album '50' Consulté le 17 novembre 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/ay6f


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