Dans le cadre de la préparation d’une rencontre autour du Père Cocagnac et des albums qu’il a créés au Cerf entre 1963 et 1972, organisée par l’Association des amis du Père Cocagnac et Geneviève Patte, j’ai passé la journée à la BnF à compulser les albums dont il est l’auteur, l’illustrateur, l’initiateur, selon les cas. Je les avais déjà étudiés pour préparer la notice “Le Cerf” pour le Dictionnaire du livre de jeunesse, mais depuis quelques semaines il est possible de réaliser, dans les salles d’études de la BnF, des clichés destinés à un usage de recherche, et ça change tout: j’ai pu revenir avec des images, et pas seulement des notes descriptives, forcément frustrantes.

Certes, il faut faire abstraction des règlements parfois décourageants de la BnF: par exemple, un lecteur ne peut demander la communication que de 15 ouvrages par jour (auxquels s’ajoutent les 5 qu’il a pu réserver la veille de chez lui)… ce qui rend quasi impossible l’étude d’une collection dans son ensemble, sauf à faire une demande de dérogation sur papier libre, mais évidemment, ce n’est pas possible le jour-même — la BnF semble, une fois de plus, oublier qu’elle n’accueille pas uniquement des chercheurs parisiens, qui peuvent venir et revenir à leur gré; au prix des billets de train, le chercheur provincial, lui, a besoin de rentabiliser ses journées de “sources”… Pendant que je m’escrimais à exposer le problème auprès de la responsable de salle, au demeurant scrupuleuse et dévouée, ma voisine de table fredonnait fourbement “tamponné, double-tamponné…“, mais grâce à la présence, en double, d’exemplaires de ces albums accessibles aussi par la salle I (Centre National de Littérature Jeunesse, haut-de-jardin), j’ai pu passer en revue la totalité des 42 albums édités, écrits ou illustrés aux éditions du Cerf par Maurice Cocagnac, en religion Frère Augustin (o.p.).

On ne peut, une nouvelle fois, qu’être subjugué par la puissance graphique de ces quelques collections, en particulier “Les Histoires de là-bas” et “La Rivière enchantée” (qui fera une place quasi exclusive à des illustrateurs japonais), mais aussi, plus précocement, la collection de catéchèse “Albums de l’Arc-en-ciel” qui début en 1963 et qui, à travers des images de Cocagnac lui-même, de Jean Jacouton, de Jacques Le Scanff et d’Alain Le Foll, démontrent que l’invention graphique et plastique au sein de l’album  pour enfants n’a pas attendu les rodomontades de l’époque Harlin Quist…

[suite dans un prochain billet]